Les teikei japonais

Le concept a émergé dans les années 1960 au Japon. À l'époque, des mères de familles japonaises s'inquiètent de voir l'agriculture s'industrialiser avec un recours massif aux produits chimiques. En 1957, les premières victimes de Minamata, empoisonnées au mercure, sont déclarées. Ces mères fondent alors en 1965 les premiers teikei (提携, signifie en japonais « coopération ou collaboration ») qui concernent d'abord des coopératives laitières. Le principe de fonctionnement est le suivant : en échange de l'achat par souscription de la récolte du paysan, ce dernier s'engage à fournir des aliments cultivés sans produits chimiques.

teikei

Un des groupes fondateurs des teikei, le Japan Organic Agriculture Association (JOAA), apparu en 1971, définit le teikei comme « une idée visant à créer un système alternatif de distribution, non dépendant du marché conventionnel. Bien que la forme des teikei varie, c'est tout simplement un système de distribution directe. Pour parvenir à son émergence, les producteurs et les consommateurs ont dû parler et approfondir leur connaissance mutuelle : aussi bien les uns que les autres fournissent du travail et du capital pour pérenniser le système. Le teikei est non seulement une idée pratique mais aussi une philosophie dynamique pour que les gens pensent une meilleure façon de vivre à travers l'interaction entre producteurs et consommateurs.»

Cependant, aujourd'hui, les consommateurs japonais se sont éloignés de la plupart des TEIKEI de l'origine du fait de la concentration urbaine et se sont groupés en coopératives de consommation qui commercialisent les produits de l'agriculture biologique mais dans lesquelles le producteur n'a plus dans la plupart des cas le contact direct.

Toujours est-il qu'au moment de l'émergence des teikei dans les années 1960, il n' y a pas eu d'échanges avec l'Amérique ou l'Europe sur ce système. Au Japon, un foyer sur quatre participe à un teikei (16 millions de personnes en 1993).

Des food guilds suisses aux CSA nord-américains

À la même époque en Suisse, des fermes communautaires nommées food guilds (ou association alimentaire) développent leur propre partenariat avec les consommateurs locaux en leur fournissant chaque semaine des produits frais (légumes, lait, œufs, et fromages).

Aux États-Unis en 1985, un fermier de retour de Suisse après avoir étudié les food guilds rencontre alors Robyn Van Hen, une agricultrice bio du Massachusetts. Avec l'aide d'autres producteurs et de consommateurs, ils fondent la première Community Supported Agriculture à la ferme Indian Line de Robyn. Le concept se répand ensuite rapidement par bouche-à-oreille dans tous les États-Unis, puis gagne le Canada (ASC). Le concept est un système économique à part entière pour le paysan, et autonome, c'est pourquoi les agriculteurs fondateurs l'ont nommé AMAP.

En 2000, on recensait des CSA dans de nombreux pays : plus de 1 000 en Amérique du Nord, 100 au Royaume-Uni, et aussi en Australie, Danemark, Pays-Bas, Allemagne, Hongrie, Ghana, Nouvelle-Zélande... En 2003, aux États-Unis, 1 500 sont en fonctionnement.

Les AMAP en France

Le principe d'une distribution hebdomadaire de légumes à des réseaux d'adhérents-consommateurs a été introduit en France par les Jardins de Cocagne aux débuts des années 1990 (chantiers d'insertion de personnes en difficulté par le maraîchage biologique). Toutefois, les Jardins de Cocagne n'ont rien à voir avec les AMAP : il s'agit d'un objectif purement social, il n'y a pas de contrat de saison, pas de préfinancement de la récolte et pas de point de distribution collectif proche des consommateurs.

En 2000, Denise et Daniel Vuillon, couple de maraîchers pratiquant déjà la vente directe et une production biodiversifiée dans l'ouest du Var à Ollioules, rendirent visite à leur fille en stage d'architecture aux États-Unis. En parcourant une rue à Manhattan, Daniel Vuillon aperçut des gens qui s'affairaient autour de gros paniers de légumes sur le parvis d'une petite église. Intrigués, les Vuillon découvrirent alors un groupe de consommateurs de CSA que leur fermier venait de livrer en légumes fraîchement récoltés. Ils rendirent donc visite à ce fermier à une heure de route de New-York, ils discutèrent de cette expérience, trouvèrent l'idée intéressante et l'étudièrent sur place. Suite à une réunion organisée par ATTAC à Aubagne en février 2001 sur le thème de la « malbouffe », durant laquelle les Vuillon présentèrent le concept des CSA et ses avantages, des consommateurs furent motivés. Trois réunions se sont tenues. Le 8 avril avait lieu le pique-nique à la ferme qui reste une étape importante dans la création de la première AMAP de France. Le 17 avril 2001, le premier panier (sur un total de trente-deux) était livré par « Les Olivades » aux consommateurs d'Aubagne. Cette première distribution s'est déroulée sur un parking mis à disposition par une « amapienne ».

Estimant le contexte favorable au développement de ce type d'initiative, ces maraîchers, membres de la Confédération paysanne du Var, avec d'autres associations, envisagèrent de créer une structure chargée d'accompagner les porteurs de projet AMAP dans la région. Alliance Provence fut alors fondée le 10 mai 2001. En 2003, Alliance Provence a élaboré et adopté la charte des AMAP. Cette charte, ainsi que le terme A.M.A.P., ont été déposés en Mai 2003 à l'INPI. Depuis 2001, les AMAP ont fleuri dans toute la France et de nombreux réseaux régionaux se sont constitués progressivement : Alliance Midi-Myrénées, Alliance PEC Rhône Alpes, AMAP Ile de France, puis plus récemment, le mouvement inter-régional des AMAP (MIRAMAP). D'autres réseaux ont été portés par les CIVAM ou les GAB (Groupement d'Agriculture Biologique). Ces structures régionales ou inter-régionales visent essentiellement à l'échange d'expérience, à la formation des créateurs d'AMAP et à la représentation du mouvement auprès des institutions officielles (Régions, ministères, etc.)

A la fin de l'année 2009, on estimait à près de 1200, le nombre d'AMAP en France. Celles-ci approvisionnent en France environ 50 000 familles, soit 150 000 personnes. Le Loir et Cher compte 10 amap avec la dernière créée en mars 2011 à Vineuil (41).

En février 2004 se tint à Aubagne le premier colloque international des teikei (Japon), CSA (pays anglophones), AMAP (France), ASC (Québec), etc. Un deuxième colloque international se tint ensuite à Palmela (Portugal) en décembre 2005 donnant lieu à la création du réseau international URGENCI qui regroupe ces diverses initiatives. Les colloques suivants ont eu lieu à Aubagne (fin janvier 2008) et à Kobé (février 2010).

sources: wikipedia, miramap

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